« Si le Nord est victorieux j’en serai heureux mais si c’est le Sud j’en serai enchanté. » Ainsi se serait exprimé Napoléon III empereur des Français quant à l’issue de la tragique guerre civile qui opposa entre 1861 et 1865 l’Union et la Confédération. Soucieux du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, il semble que l’empereur ait trouvé également quelques avantages dans un conflit qui lui permettait de prendre pied au Mexique sans craindre la réprobation des Américains englués dans leurs luttes intestines. Pour les 100 000 Français installés aux États-Unis se posa la délicate question de leur engagement auprès de l’un ou l’autre camp tandis que de l’autre côté de l’Atlantique survinrent de nombreux volontaires parmi lesquels des princes de la famille d’Orléans qui reprirent le chemin que La Fayette avait emprunté quatre-vingts ans plus tôt pour le meilleur ou pour le pire. Les ambiguïtés de la diplomatie française qui en déclarant le 10 juin 1861 sa neutralité en venait « de jure » à reconnaître au Sud un statut de belligérant jetèrent un froid dans les relations franco-américaines après la victoire de l’Union. C’est ce motif qui déterminera entre autres le sénateur et juriste français Édouard Laboulaye, président du Comité de l’union franco-américaine, à vouloir offrir aux Américains une statue de la Liberté à l’occasion du centenaire de la Déclaration d’Indépendance des U.S.A. Le monument sera finalement inauguré sur Liberty Island.